J'avais passé mes vacances chez
les Weasley. Mia était chez nos grands parents moldus ; quant à ma mère, elle
passait son temps entre le Ministère, Poudlard, et ses visites chez des amis ex-membres
de l'Ordre du Phénix, quand elle n'était pas en train d'analyser les recherches
de mon père. Elle songeait à abandonner définitivement son emploi de professeur
moldu pour se consacrer à son enquête, notamment parce qu'elle avait entendu
parler d'agissements étranges de Détraqueurs qui se chargeaient de la
surveillance, à Azkaban, du bloc où Antonin Dolohov purgeait sa peine pour acte
de cruauté, meurtres et autres sévices lors de la Grande Guerre. J'avais donc
préféré la quiétude du Terrier en compagnie des Weasley. L'ambiance était
mouvementé puisque Molly ne cessait d'être après ses fils. Nous avions reçu le
même jour, les résultats de nos Buses que nous avions passé avant les grandes
vacances. Nous avions pourtant prit le soin d'ouvrir les lettres dans la
chambre des garçons, mais leur mère avait fini par mettre la main sur leur
enveloppes. Elle les avait alors sermonné en secouant mon propre relevé de
note, qui fut malheureusement froissé après cela. Ma mère réussit tout de même
à le déchiffrer :
Je m'en sortais bien : J'avais eu
un nombre correcte de Buses, mais les jumeaux quant à eux, en avaient décroché
seulement cinq à eux deux. Les jours qui suivirent, Molly ne cessa de leur
parler de leur avenir, ce genre de discussion qui leur passait au dessus de la
tête. Quant à moi, je n'étais pas inquiète pour eux : Je connaissais Fred et
George mieux que quiconque et je savais qu'ils avaient plus d'un tour dans leur
sac. C'est pour ça que je restais leur complice et que je mettais à disposition
mes talents, en potion notamment, pour la confection de nos sucreries et autres
petites trouvailles que nous pourrions vendre à Poudlard. Les garçons
commençaient à parler d'un business qu'ils
avaient envie de mettre en place, mais nous n'avions pas les fonds pour ouvrir
une telle enseigne. Cela relevait encore du fantasme.
Arthur, qui travaillait dur au
ministère, nous permit de nous rendre à la Coupe du Monde de Quidditch, comme
la plupart des employés qui savaient décrocher de bonnes opportunités. Harry
avait réussit à venir chez eux en avance et pas sans difficultés, plutôt que de
rester chez ses moldus à Surrey. J'avais pour lui un œil bienveillant parce que
c'était un gentil garçon qui considérait les Weasley comme une famille de
substitution qu'il chérissait, lui qui n'avait pas eu beaucoup de chance
jusqu'à présent. Nous étions parti la veille du match, après que ma mère et
Molly nous aient confisqué toutes nos provisions de nos futures Boîtes à
Flemme. Molly avait été furieuse après ce qui s'était passé chez les Dursley et
ma mère semblait consternée que je mette à profit mes compétences pour des
choses qui n'avaient que peu d'importance à ses yeux. C'est après avoir rejoint
le sommet de la colline en compagnie de la famille Diggory que nous étions
parvenus jusqu’au Portoloin qui nous emmènerait sur les lieux de la
manifestation.
Je
n'avais jamais vu de ma vie, un rassemblement de sorciers aussi important que
pendant la Coupe du Monde de Quidditch. L'endroit était désert, protégé des
intrusions moldus et immense. L'attente jusqu'au match était insoutenable, si
bien que j'avais passé la plus grande partie de la nuit en dehors de la tente
en compagnie des jumeaux et de Ginny que nous avions ramené en la portant,
endormie dans les bras de l'un de ses frères. La journée précédent le match,
nous avions eu de quoi nous occuper : Fred et George avaient pariés avec Ludo
Verpey sur la victoire de l'Irlande avec fin du match causé par Viktor Krum. « Trop précise comme estimation ! » J'avertissais
en pariant moi-même la simple victoire des irlandais. Comme il me restait un
peu d'argent - les jumeaux ayant pariés toutes leurs économies - j'achetais de
la peinture pour le visage, des petits drapeaux et banderoles qui sifflaient
l'hymne national irlandais et hurlaient le nom des joueurs. Le soir venu, nous
nous étions chargés d'arborer nos plus belles peintures de guerre en chantant
des chants idiots, et des satires envers l'équipe rouge. Dans les tribunes,
l'ambiance était à son comble, nous ne pouvions nous parler qu'en criant à même
l'oreille, le brouhaha des spectateurs couvrant l'intégralité de l'espace
sonore. C'était un attroupement de sorciers de tous horizons. Je trouvais le
spectacle fantastique, et je ne pouvais m'empêcher de tourner la tête à droite
et à gauche pour essayer de tout apercevoir et de tout graver dans ma mémoire.
Je demandai à Fred de me prendre sur ses épaules pour pouvoir avoir une vue
plus imposante de la foule. À seize ans, j'étais restée plutôt petite pour mon
âge et mes clavicules étaient toujours saillantes ; les garçons avaient quant à
eux prit plus d'une dizaine de centimètres. J'avais ensuite cogné les têtes des
jumeaux en leur bouchant les oreilles avec la paume de mes mains à la venue des
Vélanes, qui jouaient le rôle des mascottes de l'équipe du nord. George fit une
moue à mon attention avant d'attendre sagement qu'elles aient finit leur prestation.
Le match en lui-même était un
véritable spectacle. Les joueurs allaient et venaient à travers le terrain, si
bien que nous n'avions presque pas le temps de les apercevoir, filant comme des
flèches pour frapper un Cognard ou pour attraper un Souaffle du bout des doigts.
J'avais une préférence pour les batteurs, que je trouvais essentiels quant au
bon déroulement du jeu, et peut-être aussi parce que j'étais influencée par les
jumeaux qui étaient dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor en tant que tels.
J'animais par ailleurs, les matchs de l'école aux côtés de Lee qui me donnait
la réplique, souvent au grand malheur du professeur McGonagall. Le match dura
aussi longtemps que celui d'un sport moldu, et j'en étais quelque peu déçue.
Bill avait parlé de matchs qui pouvaient durer plusieurs jours, et j'avais eu
envie d'assister à ce genre d'évènement. Mais Fred et George étaient ravis :
Tout c'était passé exactement comme prévu. Ils voulaient retrouver au plus vite
Ludo Verpey avant la fin de la soirée, pour toucher leur butin : Il leur devait
un sacré paquet de Galions. La nuit, après le match, nous avions rit tous
ensemble sous la plus grande tente. Je dansais avec Ginny en la faisant tourner
sur elle-même pendant que les garçons se remémoraient le match en chantant des
chansons idiotes, les mêmes que la veille de ce dernier, avec encore plus
d'entrain dans la voix et un brin de fatigue. Arthur avait été appelé par Mr
Croupton d'urgence, avec qui il travaillait au Ministère. Sa petite elfe de
maison, Winky, me faisait penser à Quizz que j'avais hâte de revoir en rentrant
au Terrier, mais contrairement à elle, Quizz n'avait pas cette impression de
soumission par rapport à ses « maitres
». À une certaine heure, tout le
monde commençait à se calmer en continuant de célébrer la victoire des
irlandais dans une ambiance nettement moins euphorique. Les jumeaux et moi
mangions des chocolats en calculant l'argent que nous récupérerions de notre
pari avec Verpey, jusqu'à ce que nous entendions ces cris et ces sortes de
détonations. Je sursautais de mon sofa en cherchant frénétiquement ma baguette
dans mes poches. Arthur, paniqué et transpirant, était revenu jusqu'à la tente
pour nous avertir de partir : C'était une attaque de Mangemorts.
Des
Mangemorts. Ce mot m'avait toujours effrayé, et c'était fait pour. Je savais
qu'Antonin Dolohov, qui croupissait à Azkaban, était un Mangemort, et je savais
que d'autres de son espèce se cachaient parmi la population. Mais je ne
m'attendais pas à devoir en entendre parler ce soir, pas maintenant, pas après
la coupe de Quidditch. Arthur nous ordonna à la hâte de nous rendre dans le
sous-bois avant de disparaître, baguette en main. J'avais envie de m'enfuir
aussi vite que les autres, mais mes jambes tremblaient, j'avais l'impression de
ramollir. La panique commençait à envahir mon corps et elle ne tarda pas à me
paralyser ; je poussais un gémissement. Fred continua de courir en tenant la
main de Ginny mais George fit volte-face pour m'apercevoir quelques mètres plus
loin, complètement tétanisée de peur. Il secoua la tête, cria quelque chose à
l'intention de son frère et courut vers moi. Il me secoua par les épaules mais
je ne voyais rien, j'avais les yeux embués par les larmes. Il me souleva alors,
et me porta, en courant, jusqu'au sous-bois, en essayant de rejoindre Fred. Je
me cramponnais à son T-shirt en fermant les yeux très fort, si fort que j'en
avais mal aux paupières ainsi qu'aux mâchoires que je gardais serrées l'une
contre l'autre. George était essoufflé, mais nous étions finalement parvenu
jusqu'au sous-bois. Pendant cette course, je n'avais pas osé entrouvrir mes
yeux, et si j'avais pu, je me serais bouchée les oreilles. Je ne supportais pas
ces cris, ces détonations de baguettes et cette odeur de terre sèche retournée.
Je n'arrivais pas non plus à lâcher George, accrochée à lui comme une moule à
son rocher. Il n'insista pas et me gardait dans ses bras en essayant de me
parler. Mais je n'entendais pas grand-chose, j'avais l'impression que mon
esprit n'était pas tout à fait là. Il devait être resté dans la tente, tétanisé
lui aussi par la peur. George s'agenouilla comme il pu et passa ses bras autour
de moi. Je pleurais pour de bon contre son épaule. Je savais qu'il devait jeter
des regards inquiets à son frère, mais j'avais besoin qu'on me laisse me
lâcher, et pour ça, je savais que les jumeaux seraient compréhensifs. Finalement,
nous nous étions tous retrouvés, avec Harry, Ron, Hermione, et nous avions
finalement été rapatriés par Portoloin jusqu'à Loutry-St-Chaspoule.
Après l'atterrissage, George
continua la marche vers la maison avec son bras autour de mon épaule, la tête
droite et plutôt silencieux. Je marchais les yeux rivés sur mes souliers et je
reniflais, honteuse de ne pas avoir agit, reprenant peu à peu mes esprits. Fred
n'arrêtait pas de me regarder avec un petit sourire compatissant sans pour
autant faire le moindre commentaire. Une fois au Terrier, j'avais esquivé ma
mère et ses interrogations concernant les Mangemorts pour m'enfermer dans la
chambre des garçons, que j'avais sur les talons. Je m'asseyais sur l'un des
lits en soupirant, la tête toujours baissée. Fred s'assit à côté de moi et
George s'accroupit à mes pieds pour essayer de capter mon attention. J'eu un
sourire lorsque je croisais son regard. Il se décida à ouvrir la bouche : « On est pas obligé d'en reparler. » Je
haussais les épaules, ne sachant pas trop quoi répondre. J'avais été prise de
peur, comme quand j'étais petite, tétanisée comme lorsque les Détraqueurs s'en
étaient prit à mon père. « Quand c'est
pour faire des siennes à Poudlard, il y a du monde, mais quand c'est pour faire
face à de vrais problèmes, il n'y a plus personne ; tu parles d'une Gryffondor.
» Je lâchais amèrement avec un rictus avec une expression mauvaise sur le
visage. Fred me frappa l'épaule, pas assez pour me faire mal, mais bien
franchement quand même pour me secouer. Je fronçais les sourcils en levant la
tête vers lui. Il prit son temps pour regarder George avant de poser les yeux
sur moi. « Tu es bête Stella. C'est
normal que tu ais réagit comme ça : Ce sont des Mangemorts. » George
acquiesça, d'accord avec son frère. «
Mais tu n'es pas toute seule on est là nous d'accord ? » Je les regardais à
tour de rôle, avant de sourire malgré ma mine boudeuse. Je savais qu'ils
étaient là pour moi et qu'il ne me jugerait pas. Je me levais finalement du lit
avant de les attendre à l'entrée de la chambre « Venez, il faut qu'on descende, sinon nos mères
vont venir nous faire subir un interrogatoire. »
J'eu
du mal à faire face à mère qui paraissait morte d'inquiétude. Heureusement,
personne dans le groupe ne lui avait raconté en détail comme j'étais restée
pétrifié de peur face à la panique des sorciers du campement et les bruits
assourdissants, et comment George avait dû me porter tout du long. Il avait une
marque à l'épaule que je lui avais fait, lorsque je m'étais cramponnée à lui au
voyage du retour. Ma mère m'avait simplement fait promettre de lui parler si je
me sentais mal, mais je n'en ressentais pas l'envie : Peut-être parce que
j'étais dans la période de l'adolescence, mais peut-être aussi parce que je ne
voulais pas causer plus de soucis à ma mère qui en avait déjà. Elle ne vivait
désormais que pour poursuivre les recherches de mon père d'autant plus qu'elle
espérait tomber sur un indice qui nous aiderait à lui mettre la main dessus.
Personne ne pouvait la convaincre d'arrêter ses recherches. Pas même l'oncle
Remus : Il comprenait son incompréhension et son désespoir, mais essayait de
temps en temps de lui faire lever le pieds, ne serait-ce que pour s'occuper de
sa cadette. Cette année de 94 était aussi l'année de la première rentrée à
Poudlard de ma petite sœur Mia. Elle était anxieuse et franchement de mauvaise
humeur depuis son retour des vacances, notamment à cause de cette absence de
notre père qui lui pesait énormément. Le jour de la rentrée, sur la gare de
King Cross, je promettais à ma mère de prendre soin d'elle, tandis que Mia montait dans le train en compagnie de Fred et
George. Elle était restée avec nous le long du trajet, et j'avais demandé aux
jumeaux de paraître le plus détendu possible : Pas de blagues vaseuses
concernant les maisons. Mia avait vraiment peur de se retrouver dans une autre
maison que Gryffondor, voulant à tout prix être avec moi. Je ne pouvais pas lui
promettre que ce serait le cas, mais je faisais en sorte de la rassurer.
Mia fût répartie à Serdaigle.
J'avais lu dans ses yeux une lueur de panique, mais elle avait fini par
rejoindre d'un pas lent la table de sa maison. Pendant le repas, je ne pouvais
m'empêcher de l'observer. Elle avait finit par discuter avec quelques élèves
qui étaient assit à côté d'elle. Je savais qu'elle arriverait à s'intégrer très
bien sans moi. De plus, je ne pouvais m'empêcher de sourire : Mia était dans la
même maison que mon père. Plus tard, le fait de savoir cela lui donnera
davantage confiance en elle. Il s'avérait que ma petite sœur était une élève
brillante et érudite. Beaucoup plus sage que moi et très attachée à son rapport
avec les moldus.
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