03/05/2015

1994 - Coupe du monde de Quidditch

J'avais passé mes vacances chez les Weasley. Mia était chez nos grands parents moldus ; quant à ma mère, elle passait son temps entre le Ministère, Poudlard, et ses visites chez des amis ex-membres de l'Ordre du Phénix, quand elle n'était pas en train d'analyser les recherches de mon père. Elle songeait à abandonner définitivement son emploi de professeur moldu pour se consacrer à son enquête, notamment parce qu'elle avait entendu parler d'agissements étranges de Détraqueurs qui se chargeaient de la surveillance, à Azkaban, du bloc où Antonin Dolohov purgeait sa peine pour acte de cruauté, meurtres et autres sévices lors de la Grande Guerre. J'avais donc préféré la quiétude du Terrier en compagnie des Weasley. L'ambiance était mouvementé puisque Molly ne cessait d'être après ses fils. Nous avions reçu le même jour, les résultats de nos Buses que nous avions passé avant les grandes vacances. Nous avions pourtant prit le soin d'ouvrir les lettres dans la chambre des garçons, mais leur mère avait fini par mettre la main sur leur enveloppes. Elle les avait alors sermonné en secouant mon propre relevé de note, qui fut malheureusement froissé après cela. Ma mère réussit tout de même à le déchiffrer :





Je m'en sortais bien : J'avais eu un nombre correcte de Buses, mais les jumeaux quant à eux, en avaient décroché seulement cinq à eux deux. Les jours qui suivirent, Molly ne cessa de leur parler de leur avenir, ce genre de discussion qui leur passait au dessus de la tête. Quant à moi, je n'étais pas inquiète pour eux : Je connaissais Fred et George mieux que quiconque et je savais qu'ils avaient plus d'un tour dans leur sac. C'est pour ça que je restais leur complice et que je mettais à disposition mes talents, en potion notamment, pour la confection de nos sucreries et autres petites trouvailles que nous pourrions vendre à Poudlard. Les garçons commençaient à parler d'un business qu'ils avaient envie de mettre en place, mais nous n'avions pas les fonds pour ouvrir une telle enseigne. Cela relevait encore du fantasme.

Arthur, qui travaillait dur au ministère, nous permit de nous rendre à la Coupe du Monde de Quidditch, comme la plupart des employés qui savaient décrocher de bonnes opportunités. Harry avait réussit à venir chez eux en avance et pas sans difficultés, plutôt que de rester chez ses moldus à Surrey. J'avais pour lui un œil bienveillant parce que c'était un gentil garçon qui considérait les Weasley comme une famille de substitution qu'il chérissait, lui qui n'avait pas eu beaucoup de chance jusqu'à présent. Nous étions parti la veille du match, après que ma mère et Molly nous aient confisqué toutes nos provisions de nos futures Boîtes à Flemme. Molly avait été furieuse après ce qui s'était passé chez les Dursley et ma mère semblait consternée que je mette à profit mes compétences pour des choses qui n'avaient que peu d'importance à ses yeux. C'est après avoir rejoint le sommet de la colline en compagnie de la famille Diggory que nous étions parvenus jusqu’au Portoloin qui nous emmènerait sur les lieux de la manifestation.

            Je n'avais jamais vu de ma vie, un rassemblement de sorciers aussi important que pendant la Coupe du Monde de Quidditch. L'endroit était désert, protégé des intrusions moldus et immense. L'attente jusqu'au match était insoutenable, si bien que j'avais passé la plus grande partie de la nuit en dehors de la tente en compagnie des jumeaux et de Ginny que nous avions ramené en la portant, endormie dans les bras de l'un de ses frères. La journée précédent le match, nous avions eu de quoi nous occuper : Fred et George avaient pariés avec Ludo Verpey sur la victoire de l'Irlande avec fin du match causé par Viktor Krum. « Trop précise comme estimation ! » J'avertissais en pariant moi-même la simple victoire des irlandais. Comme il me restait un peu d'argent - les jumeaux ayant pariés toutes leurs économies - j'achetais de la peinture pour le visage, des petits drapeaux et banderoles qui sifflaient l'hymne national irlandais et hurlaient le nom des joueurs. Le soir venu, nous nous étions chargés d'arborer nos plus belles peintures de guerre en chantant des chants idiots, et des satires envers l'équipe rouge. Dans les tribunes, l'ambiance était à son comble, nous ne pouvions nous parler qu'en criant à même l'oreille, le brouhaha des spectateurs couvrant l'intégralité de l'espace sonore. C'était un attroupement de sorciers de tous horizons. Je trouvais le spectacle fantastique, et je ne pouvais m'empêcher de tourner la tête à droite et à gauche pour essayer de tout apercevoir et de tout graver dans ma mémoire. Je demandai à Fred de me prendre sur ses épaules pour pouvoir avoir une vue plus imposante de la foule. À seize ans, j'étais restée plutôt petite pour mon âge et mes clavicules étaient toujours saillantes ; les garçons avaient quant à eux prit plus d'une dizaine de centimètres. J'avais ensuite cogné les têtes des jumeaux en leur bouchant les oreilles avec la paume de mes mains à la venue des Vélanes, qui jouaient le rôle des mascottes de l'équipe du nord. George fit une moue à mon attention avant d'attendre sagement qu'elles aient finit leur prestation.

Le match en lui-même était un véritable spectacle. Les joueurs allaient et venaient à travers le terrain, si bien que nous n'avions presque pas le temps de les apercevoir, filant comme des flèches pour frapper un Cognard ou pour attraper un Souaffle du bout des doigts. J'avais une préférence pour les batteurs, que je trouvais essentiels quant au bon déroulement du jeu, et peut-être aussi parce que j'étais influencée par les jumeaux qui étaient dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor en tant que tels. J'animais par ailleurs, les matchs de l'école aux côtés de Lee qui me donnait la réplique, souvent au grand malheur du professeur McGonagall. Le match dura aussi longtemps que celui d'un sport moldu, et j'en étais quelque peu déçue. Bill avait parlé de matchs qui pouvaient durer plusieurs jours, et j'avais eu envie d'assister à ce genre d'évènement. Mais Fred et George étaient ravis : Tout c'était passé exactement comme prévu. Ils voulaient retrouver au plus vite Ludo Verpey avant la fin de la soirée, pour toucher leur butin : Il leur devait un sacré paquet de Galions. La nuit, après le match, nous avions rit tous ensemble sous la plus grande tente. Je dansais avec Ginny en la faisant tourner sur elle-même pendant que les garçons se remémoraient le match en chantant des chansons idiotes, les mêmes que la veille de ce dernier, avec encore plus d'entrain dans la voix et un brin de fatigue. Arthur avait été appelé par Mr Croupton d'urgence, avec qui il travaillait au Ministère. Sa petite elfe de maison, Winky, me faisait penser à Quizz que j'avais hâte de revoir en rentrant au Terrier, mais contrairement à elle, Quizz n'avait pas cette impression de soumission par rapport à ses « maitres ». À une certaine heure, tout le monde commençait à se calmer en continuant de célébrer la victoire des irlandais dans une ambiance nettement moins euphorique. Les jumeaux et moi mangions des chocolats en calculant l'argent que nous récupérerions de notre pari avec Verpey, jusqu'à ce que nous entendions ces cris et ces sortes de détonations. Je sursautais de mon sofa en cherchant frénétiquement ma baguette dans mes poches. Arthur, paniqué et transpirant, était revenu jusqu'à la tente pour nous avertir de partir : C'était une attaque de Mangemorts.

            Des Mangemorts. Ce mot m'avait toujours effrayé, et c'était fait pour. Je savais qu'Antonin Dolohov, qui croupissait à Azkaban, était un Mangemort, et je savais que d'autres de son espèce se cachaient parmi la population. Mais je ne m'attendais pas à devoir en entendre parler ce soir, pas maintenant, pas après la coupe de Quidditch. Arthur nous ordonna à la hâte de nous rendre dans le sous-bois avant de disparaître, baguette en main. J'avais envie de m'enfuir aussi vite que les autres, mais mes jambes tremblaient, j'avais l'impression de ramollir. La panique commençait à envahir mon corps et elle ne tarda pas à me paralyser ; je poussais un gémissement. Fred continua de courir en tenant la main de Ginny mais George fit volte-face pour m'apercevoir quelques mètres plus loin, complètement tétanisée de peur. Il secoua la tête, cria quelque chose à l'intention de son frère et courut vers moi. Il me secoua par les épaules mais je ne voyais rien, j'avais les yeux embués par les larmes. Il me souleva alors, et me porta, en courant, jusqu'au sous-bois, en essayant de rejoindre Fred. Je me cramponnais à son T-shirt en fermant les yeux très fort, si fort que j'en avais mal aux paupières ainsi qu'aux mâchoires que je gardais serrées l'une contre l'autre. George était essoufflé, mais nous étions finalement parvenu jusqu'au sous-bois. Pendant cette course, je n'avais pas osé entrouvrir mes yeux, et si j'avais pu, je me serais bouchée les oreilles. Je ne supportais pas ces cris, ces détonations de baguettes et cette odeur de terre sèche retournée. Je n'arrivais pas non plus à lâcher George, accrochée à lui comme une moule à son rocher. Il n'insista pas et me gardait dans ses bras en essayant de me parler. Mais je n'entendais pas grand-chose, j'avais l'impression que mon esprit n'était pas tout à fait là. Il devait être resté dans la tente, tétanisé lui aussi par la peur. George s'agenouilla comme il pu et passa ses bras autour de moi. Je pleurais pour de bon contre son épaule. Je savais qu'il devait jeter des regards inquiets à son frère, mais j'avais besoin qu'on me laisse me lâcher, et pour ça, je savais que les jumeaux seraient compréhensifs. Finalement, nous nous étions tous retrouvés, avec Harry, Ron, Hermione, et nous avions finalement été rapatriés par Portoloin jusqu'à Loutry-St-Chaspoule.

Après l'atterrissage, George continua la marche vers la maison avec son bras autour de mon épaule, la tête droite et plutôt silencieux. Je marchais les yeux rivés sur mes souliers et je reniflais, honteuse de ne pas avoir agit, reprenant peu à peu mes esprits. Fred n'arrêtait pas de me regarder avec un petit sourire compatissant sans pour autant faire le moindre commentaire. Une fois au Terrier, j'avais esquivé ma mère et ses interrogations concernant les Mangemorts pour m'enfermer dans la chambre des garçons, que j'avais sur les talons. Je m'asseyais sur l'un des lits en soupirant, la tête toujours baissée. Fred s'assit à côté de moi et George s'accroupit à mes pieds pour essayer de capter mon attention. J'eu un sourire lorsque je croisais son regard. Il se décida à ouvrir la bouche : « On est pas obligé d'en reparler. » Je haussais les épaules, ne sachant pas trop quoi répondre. J'avais été prise de peur, comme quand j'étais petite, tétanisée comme lorsque les Détraqueurs s'en étaient prit à mon père. « Quand c'est pour faire des siennes à Poudlard, il y a du monde, mais quand c'est pour faire face à de vrais problèmes, il n'y a plus personne ; tu parles d'une Gryffondor. » Je lâchais amèrement avec un rictus avec une expression mauvaise sur le visage. Fred me frappa l'épaule, pas assez pour me faire mal, mais bien franchement quand même pour me secouer. Je fronçais les sourcils en levant la tête vers lui. Il prit son temps pour regarder George avant de poser les yeux sur moi. « Tu es bête Stella. C'est normal que tu ais réagit comme ça : Ce sont des Mangemorts. » George acquiesça, d'accord avec son frère. « Mais tu n'es pas toute seule on est là nous d'accord ? » Je les regardais à tour de rôle, avant de sourire malgré ma mine boudeuse. Je savais qu'ils étaient là pour moi et qu'il ne me jugerait pas. Je me levais finalement du lit avant de les attendre à l'entrée de la chambre « Venez, il faut qu'on descende, sinon nos mères vont venir nous faire subir un interrogatoire. »

            J'eu du mal à faire face à mère qui paraissait morte d'inquiétude. Heureusement, personne dans le groupe ne lui avait raconté en détail comme j'étais restée pétrifié de peur face à la panique des sorciers du campement et les bruits assourdissants, et comment George avait dû me porter tout du long. Il avait une marque à l'épaule que je lui avais fait, lorsque je m'étais cramponnée à lui au voyage du retour. Ma mère m'avait simplement fait promettre de lui parler si je me sentais mal, mais je n'en ressentais pas l'envie : Peut-être parce que j'étais dans la période de l'adolescence, mais peut-être aussi parce que je ne voulais pas causer plus de soucis à ma mère qui en avait déjà. Elle ne vivait désormais que pour poursuivre les recherches de mon père d'autant plus qu'elle espérait tomber sur un indice qui nous aiderait à lui mettre la main dessus. Personne ne pouvait la convaincre d'arrêter ses recherches. Pas même l'oncle Remus : Il comprenait son incompréhension et son désespoir, mais essayait de temps en temps de lui faire lever le pieds, ne serait-ce que pour s'occuper de sa cadette. Cette année de 94 était aussi l'année de la première rentrée à Poudlard de ma petite sœur Mia. Elle était anxieuse et franchement de mauvaise humeur depuis son retour des vacances, notamment à cause de cette absence de notre père qui lui pesait énormément. Le jour de la rentrée, sur la gare de King Cross, je promettais à ma mère de prendre soin d'elle, tandis que Mia  montait dans le train en compagnie de Fred et George. Elle était restée avec nous le long du trajet, et j'avais demandé aux jumeaux de paraître le plus détendu possible : Pas de blagues vaseuses concernant les maisons. Mia avait vraiment peur de se retrouver dans une autre maison que Gryffondor, voulant à tout prix être avec moi. Je ne pouvais pas lui promettre que ce serait le cas, mais je faisais en sorte de la rassurer.


Mia fût répartie à Serdaigle. J'avais lu dans ses yeux une lueur de panique, mais elle avait fini par rejoindre d'un pas lent la table de sa maison. Pendant le repas, je ne pouvais m'empêcher de l'observer. Elle avait finit par discuter avec quelques élèves qui étaient assit à côté d'elle. Je savais qu'elle arriverait à s'intégrer très bien sans moi. De plus, je ne pouvais m'empêcher de sourire : Mia était dans la même maison que mon père. Plus tard, le fait de savoir cela lui donnera davantage confiance en elle. Il s'avérait que ma petite sœur était une élève brillante et érudite. Beaucoup plus sage que moi et très attachée à son rapport avec les moldus. 


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