03/05/2015

1978 / 1987 - Loutry-St-Chaspoule

La génération de la fin des années soixante-dix est prise entre la période paisible de la fin de la première Grande Guerre contre le Seigneur des Ténèbres et la naissance du Survivant. Nous avons été épargné en quelques sortes, c'est du moins ce que nous avions cru durant une bonne partie de notre enfance, avant que tout ne recommence. Je m'appelle Stella, Stella Samuelle Galactica. Je suis une enfant de cette génération. Je ne pourrais vous témoigner l'arrivée de la deuxième Grande Guerre Magique que grâce à mon vécu. Je pourrais vous parler de tout ce qui est arrivé, à commencé par mon histoire personnelle : Je suis née au mois de février, dans le petit  village de Loutry-St-Chaspoule où habitaient mes parents, dans une maison qui ressemblait à un laboratoire moldu ultra moderne que mon père avait baptisé Le Repère. C'était une maison avec un haut dôme muni d'un télescope inspiré de ce dont se servent les moldus pour regarder les étoiles. Mon père n'a eu aucun mal à concevoir de pareils engins : Lui et ma mère sont tous les deux nés de parents moldus. J'ai donc toujours vécu avec ces deux cultures qui s'entrecroisaient parfaitement. Jusqu'à mes onze ans, j'ai été scolarisé dans l'école moldu la plus proche de notre village. Ma petite sœur Mia, eu le droit à la même éducation, bien qu'elle n’eut pas la même enfance que moi. Nous avons cinq ans d'écart, et elle était bien trop petite pour se souvenir de notre père. Notre famille a connu un drame qui étonna tout le monde, puisqu'il s'était déroulé à une époque où nous ne soupçonnions plus que cela puisse se reproduire.

            En 1987, un soir où ma mère préparait le dîner. J'avais neuf ans et je jouais avec ma petite sœur dans le salon. Comme à notre habitude, on pouvait entendre de l'atelier de mon père des clic et des "plops" sonores. Papa travaillait au Ministère de la Magie, au service des Langues de Plomb. Ma mère elle-même ne savait pas en quoi consistait son travail. Les missions et tâches des Langues de Plomb étaient contraintes de rester secrètes. Ma mère acceptait tout cela, parce qu'elle aimait mon père depuis bien des années et parce qu'elle savait qu'il ne mettrait jamais sa famille en danger. Du moins c'est ce qu'il tenta de faire. L'heure du dîner approchant, ma mère me demanda d'aller chercher papa pour qu'il nous rejoigne. Je sautais quatre à quatre les marches des escaliers avant de m'arrêter net devant la porte qui s'ouvrit toute seule. Papa était penché devant une table de travail sur laquelle on pouvait retrouver des tonnes de croquis, de calculs compliqués et de notes diverses, toutes écrites de sa main. Je tirais sur le pan de sa blouse de travail pour l’interpeller. Mon père avait les cheveux d'un noir de jais, frisés et une barbe en vrac, mal entretenue. Maman s'en plaignait souvent, mais au fond, elle aimait son côté inventeur fou. De toutes façons, tout le monde qui connaissait Miranda et Samuel Galactica n'imaginaient pas l'un sans l'autre.

« La ballade après dîner papa ? » Je demandai en sautillant presque sur place. Son regard concentré s'abaissa vers moi avant de s'attendrir en voyant mon visage innocent. Il acquiesça et me suivit pour descendre dîner. À la fin du repas, je m'étais dépêchée de mettre mes petites chaussures vernies pendant que ma mère allait coucher Mia. Mon père était penché vers Quizz, notre elfe de maison, avant que celui-ci acquiesce et disparaisse sous les ordres de mon père. À l'époque, je n'avais pas comprit ce qu'il lui avait ordonné et que cette ballade serait la dernière avant un long moment. Je n'avais fait que le suivre silencieusement. Mon père n'avait jamais été quelqu'un de très loquace, et j'adorais ça. Je pouvais lui raconter mes rêves loufoques et mes histoires à dormir debout, il se contentait de commenter, toujours d'une façon intelligible tout en restant subjectif à cause de son amour inconditionnel pour sa fille aînée. Mais ce soir là, pas d'histoires tirées par les cheveux, je me contentais de marcher, légèrement derrière lui, en lui jetant des regards inquiets. Mon père avait une main dans la poche de sa veste et je savais qu'il y serrait sa baguette. Il n'arrêtait pas de regarder à gauche, puis à droite, comme si nous étions suivit par quelqu'un. Ou plutôt quelque chose en l’occurrence. J'hésitais à demander, mais je me souviens que j'avais peur.

Mon père me rappela à l'ordre d'une voix douce mais impérative. « Reste près de moi Stella. » Je lui obéissais en trottinant pour le rattraper, tendant ma main vers lui pour tenir la sienne. Nous avions marché quelques minutes le long de la route principale, avant de nous enfoncer dans une rue où s'éparpillaient les terrains parfois habités par des maisons saugrenues et d'autres plus conventionnelles. Soudain, l'air était devenu plus froid. J'avais réajusté mon petit gilet noir d'un geste brusque avant de lever la tête vers mon père qui commençait à regarder autour de lui avec des mouvements vifs, cherchant la provenance de cette source d'énergie néfaste. Au loin, des silhouettes encapuchonnées, je m'en rappelle très bien. Mais ce dont je me souviens davantage, c'est de mon père me poussant sur le bord de la route d'un coup de main légèrement trop violent pour la corpulence d'une petite fille. Je m'étais écorchée les coudes et les paumes de mains au même moment où une raie manta argentée était sortie de sa baguette à la rencontre de ces silhouettes. Une fois le Patronus lancé, mon père s'était jeté près de moi pour me relever. « Je suis désolé Stella ma chérie, mais tu vas m'écouter très attentivement d'accord ? Tu vas devoir te rappeler de ce que tu dois dire à maman. Tu lui diras... » Il se tourna vers les silhouettes qui se débattaient contre la raie-manta avant de détourner de nouveau son attention vers moi. « Tu lui diras que je n'ai pas pu faire autrement, que j'ai fait ça pour vous protéger. Il ne faut pas que tu es peur, papa va revenir. Maintenant cours ! » Alors j'ai fait ce qu'il m'avait dit de faire. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que si je ne l'avais pas écouté, il me serait arrivé malheur. Plus tard, j'apprendrais que papa avait fait cela pour brouiller les pistes, qu'il nous savait surveillés depuis des semaines et qu'il ne fallait pas qu'il change ses habitudes.

            Je courrais sans m'arrêter. Je savais que papa avait été emmené par ses silhouettes qui flottaient à quelques centimètres au dessus du sol. J'étais épuisée et les larmes coulaient toutes seules le long de mes joues, sans que je ne m'en rende compte. J'avais très peur et à cet âge là, on ne s'aperçoit pas forcément de la gravité des événements. Alors, je me répétais ce qu'il m'avait ordonné de dire à ma mère. Je devais lui dire qu'il avait fait ça pour nous protéger. Évidemment, j'étais assez dégourdie pour mettre cette histoire en rapport avec son travail et que nous n'aurions pas de réponses à nos questions. Pourquoi un Langue de Plomb disparaîtrait-il sans raisons apparentes ? Pourquoi personne ne le chercherait ? Parce qu'il est un Langue de Plomb et que les affaires des Langues de Plomb restent enfermé dans leur département, au Ministère de la Magie. J'avais tout simplement fini par perdre connaissance, lorsque j'étais passée devant le Terrier, une petite maison à l'allure défraîchie mais accueillante qui appartenait à la famille Weasley. C'est d'ailleurs Bill Weasley qui me trouva en revenant du village plus tard dans la soirée. Il m'amena à l'intérieur du Terrier et sa mère s'était occupée de moi. J'avais entendu quelqu'un appeler Quizz, notre elfe de maison, en sachant qu'il transplanerait à moi en quelques secondes. J'ai couché sur le canapé de leur salon, trop fatiguée pour rentrer à la maison, même lorsque maman avait été prévenu par Quizz et avait accourut au Terrier. Je me souvenais des enfants roux en pyjama, des caresses sur mon visage, mais pas des conversations.


Le lendemain, j'étais rentrée à la maison. Mon père avait été enlevé par des Détraqueurs corrompus, de mèches avec quelques partisans survivant de la première Grande Guerre contre le chef des Mages Noirs. Ces Détraqueurs ne pouvaient être interceptés parce qu'il est évidemment impossible d'interroger un Détraqueur. Parce qu'on ne savait pas où est-ce qu'ils avaient pu l'emmener, hormis à la prison d'Azkaban. Le Ministère envoya des hommes fouiller la prison : Rien. Ils n'abandonnèrent pas les recherches mais furent vite mis à l'écart par les Langues de Plomb qui avaient besoin de récupérer les travaux de mon père pour poursuivre leurs recherches. La disparition de papa avait affecté ma famille : Ma mère ne cessait de s'absenter de la maison pour rencontrer des anciens membres de l'Ordre du Phénix dont elle faisait partie lors de la Grande Guerre. Ma petite sœur Mia était sujette aux terreurs nocturnes et dormait avec moi dans mon lit plusieurs fois dans la semaine. Elle développa en grandissant une peur concernant la magie. Il fallut du temps pour lui donner envie d'aller à Poudlard. Et je fus un très bon exemple pour elle, puisque qu'à l'été 1989, je recevais ma lettre de fournitures scolaires de ma toute première année à l'école de sorcellerie. 


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