Si nous avons donné la Carte du
Maraudeur à Harry en 1993, c'est qu'elle nous avait suffisamment servit et que
nous avions estimé qu'elle avait fait son temps entre nos mains. Nous
connaissions les moindres recoins de Poudlard, et les allés et venues du personnel
de l'école n'avaient aucuns secrets pour nous. Mais bien avant d'en faire don à
Harry, nous en avions fait le meilleur usage possible. Ce n'est que bien plus
tard que j'apprendrai l'identité des créateurs de la carte. À l'époque, dès ma
première année, nous n'avions pas chômer pour commettre quelques méfaits. Sans
cette carte, il était commun de nous retrouver coller au mur du bureau de
Rusard, comme ce jour où nous avions été prit la main dans le sac après avoir
tenté de dérober nos copies de sortilège pour les corriger. Nous écoutions donc
le sermon de Rusard en évitant soigneusement de nous regarder pour ne pas
exploser de rire. Fred et George, parce qu'ils étaient deux ou parce qu'une
étincelle d'espièglerie brillaient davantage dans leurs yeux, se faisaient plus
souvent punir que moi ; peut-être aussi
parce que j'étais la fille de l'illustre Langue-de-Plomb disparu, allez savoir.
Je me souviens que Rusard était
au bord de l'explosion. Il nous fixait à tour de rôle en essayant probablement
de percer notre âme qu'il pensait habitée par le malin ; mais bientôt, il fût
épuisé et s'aperçut qu'il avait oublier de remettre nos copies au Professeur
Flitwick. C'est à ce moment qu'il détourna son attention pour les glisser dans
une enveloppe, joignant notre rapport de punition aux trois parchemins. Fred me
donna alors un coup de coude, montrant du regard un tiroir à demi ouvert qui se
trouvait à ma droite. À l'intérieur, des jeux confisqués, quelques confiseries
et un parchemin vierge plié étrangement. J'étais la plus discrète de nous
trois, alors d'un geste rapide, je réussis à prendre le morceau de parchemin et
quelques Baveboules.
Nous nous en tirions avec
quelques heures de nettoyage de la salle de classe du petit professeur de
sortilège ainsi que des devoirs supplémentaires et des excuses en bonne et due
forme. Plus tard, contre un peuplier près du lac, j'observais la carte pendant
que Fred faisait le cochon-pendu sur une branche basse de l'arbre. George
sortit sa baguette et la pointa vers la carte. « Peut-être qu'elle ne se révèle qu'en écrivant dessus ? » Je
suggérais, pas rassurée à l'idée qu'il jette des sorts au hasard sur le
parchemin. Je me résignais finalement, puisque je n'osais pas moi-même tenter
quelque chose dessus. Aucuns des sortilèges que nous connaissions s'avéraient
utiles pour percer son mystère. C'est au bout de quelques jours que nous avions
pensé à la raison pour laquelle Rusard avait confisqué cette carte. « C'est sûrement parce que l'ancien
propriétaire s'en servait pour de mauvaises intentions. » Je lâchais,
lassée, pendant que Fred murmurait des mots doux à la carte en espérant que
quelque chose s'inscrive à sa surface. George jura que nous aussi, nous nous en
servirons pour de mauvaises intentions et c'est à cet instant que Fred laissa
échapper une exclamation enthousiaste en voyant la carte changer d'aspect. On
pouvait y lire : « Messieurs Lunar,
Queudver, Patmol et Cornedrue, sont fiers de vous présenter la Carte du
Maraudeur. »
Plus
tard, j'apprendrais que mon oncle Remus était l'un des auteurs de la carte. Il
me raconta toute l'histoire de ses amis, James, Peter et Sirius qui avait fait
beaucoup parler de lui l'année de son évasion en 1993. Je serais tenue au
secret l'année d'après, n'ayant pas le droit de divulguer la vérité à propos de
Sirius ni aux jumeaux ni à quiconque d'autres. Remus en avait fait par à notre
famille, non seulement parce qu'il était mon parrain mais aussi parce que ma
mère avait connu Sirius au temps de Poudlard. La connaissance de la trahison de
Queudver avait mit la puce à l'oreille de ma mère qui naviguait toujours entre
la maison et ses recherches concernant la disparition de mon père. Je ne
pouvais pas lui en vouloir, elle avait la conviction que mon père allait
revenir bientôt. Plus tard, je lui demanderais comment est-ce qu'elle pouvait
savoir que papa était toujours vivant, ce à quoi elle répondrait après un
sourire serein : « Ton père et moi, nous
nous connaissons depuis tellement longtemps... S'il lui était arrivé quelque
chose, je l'aurais ressenti à l'intérieur, tout au fond. »
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