03/05/2015

1989 – La Grande Salle, la répartition et les cachots

Je sautillais sur place en prenant appui sur les épaules des jumeaux pour voir devant nous. Lee ricanait en remarquant ma détresse quant à ma petite taille avant de me décrire la tête des autres élèves. Le professeur McGonagall nous fit entrer dans la Grande Salle qui me laissa sans voix. Celle-ci n'avait pas l'air si effrayante que dans mes cauchemars, et hormis les armures dans les couloirs, il n'y avait pas la trace d'une chaîne ou d'un boulet comme je le craignais. J'étais la première de nous quatre à prendre place sur le tabouret où McGonagall me mit le Choixpeau sur la tête. Je pensais très fort à Gryffondor, pas parce que je me sentais capable d'y aller, ni parce que j'en avais spécialement envie, mais surtout parce que j'espérais me retrouver avec les Weasley et parce qu'ils m'avaient tous parlé de cette maison-ci. Peut-être aussi parce que j'imaginais que mon père y était aussi par la force des choses, parce que mon oncle Remus et Monsieur Weasley y avait été. J'entendis un ricanement grave, un grognement intérieur comme un estomac en pleine digestion, avant que le chapeau magique ne s'exclame : « GRYFFONDOR ! » Je courrais à travers les tables pour rejoindre la mienne. Percy eu un petit sourire avant de se reconcentrer sur la Répartition, avec appréhension quant au sort qui serait celui de sa paire de frères. Lee s'assit en face de moi, et il fallut attendre encore un moment avant d'arriver à la fin de la liste, pour que Fred et George soient expédiés à côté de moi, à la table de la maison au lion.

Nous avions profité d'un copieux repas et du discours de Dumbledore qui nous fit part du règlement intérieur de l'école, qui me firent vaguement sourciller. Mais j'aimais l'allure de Dumbledore, qui me faisait penser aux sorciers de contes moldus, avec sa grande robe et son chapeau pointu brodé d'étoiles satinées. L'ambiance paraissait tout de suite plus chaleureuse, autrement plus chaleureuse que l’œil sévère de McGonagall où le regard fermé du professeur à sa droite, qui avait de longs cheveux noirs et luisants. Nous discutions des professeurs avec les garçons, dégustant les mets servit par la Grande Salle qui semblait dotée d'une sorte d'âme réconfortante. Mais quand on me parlait des Serpentards, de la Salle Commune dans les cachots et de la salle des potions, comme celle dont m'avait parlé ma mère ; l'envie de voir le tout de mes propres yeux me prenait aux tripes, si bien que je n'en fini pas mon dessert. Bien sûr, cela n'empêcha pas Lee de s'en charger pour moi. Lorsque nous eurent terminés, ce fût aux Préfets de nous conduire jusqu'à nos salles communes respectives. La notre se trouvait au septième étage. J'étais petite et discrète malgré ma masse de cheveux fous, alors, je me faufilais hors de la foule pour me glisser dans les cachots dont l'entrée se trouvait à la gauche des escaliers principaux. J'avais du mal à pousser la porte massive de ce sous-sol, mais je persévérais, en écrasant mes semelles contre le marbre du sol de l'entrée. Je me retrouvais propulsée dans un couloir à partir duquel plusieurs pièces se distribuaient. Peut-être des salles de classes ? Je frissonnais quant à cette possibilité, n'étant pas tout à fait séduite à l'idée d'avoir cours dans un tel lieu. J'ouvris la première porte qui confirma mes craintes. C'était une salle de classe, avec sur chacune des tables, des chaudrons de cuivre rudimentaires. J'entrais pour de bon, refermais la porte derrière moi pour regarder dans cette salle. Il y avait plusieurs ingrédients en bocaux, un tableau noir sur pieds, un tas d'outils pour écraser, découper, hacher les ingrédients des mélanges à venir. Je caressais tout du bout des doigts en faisant attention de ne rien faire tomber. C'était un endroit fascinant, et je commençais à me dire que finalement, peut-être que les potions avaient leur place dans ce cachot. Il y faisait sombre et frais, les ingrédients étaient bien conservés, et le silence était père de concentration. Je ressortais en prenant soin de refermer la porte derrière mois.


            Quand j'eu fermée la porte de l'entrée du cachot, et que je m'apprêtais à remonter les escaliers, je tombais sur ce professeur, qui me fit sursauter. Il était grand, mince, avec un nez crochu et de longs cheveux noirs. Il m’asséna un regard qui aurait pu me tuer s'il en avait eu le pouvoir. Je le fixais, prise de stupeur mais aussi parce qu'il m'impressionnait. « Que faites-vous ici ? » Me demanda-t-il en se penchant vers moi, menaçant. Je déglutis en essayant de trouver quelque chose à dire, avant que deux têtes rousses ne fassent leur apparition derrière le professeur. « Enfin tu l'as trouvé ! »  Me dit George en s'approchant de moi, désignant la poche de ma robe de sorcière. J'arquai un sourcil, pas bien sûr de ce qu'il voulait dire par là, mais je comprenais que je devais la fermer et les laisser faire. « Stella a perdu sa baguette dans la foule avant la Répartition, du coup on l'a aidé à chercher. » Expliqua Fred en levant la tête vers le professeur. J'acquiesçais la tête vers le maître des potions qui avait dévisagé au préalable les jumeaux. Il nous laissa partir après nous avoir fait subir un silence plutôt gênant. Je courrais jusqu'à la salle commune avec mes deux complices. En ouvrant le tableau de la Grosse Dame, je découvrais pour la première fois la salle commune. « Comment vous saviez que j'étais restée en bas ? » Je demandai aux jumeaux, redevable alors de m'avoir sauvée d'une punition certaine, qui plus est le premier jour de classe. Fred attrapa un Chocogrenouille qui traînait sur un guéridon et l'avala tout rond. « Tu t'es faufilée comme une souris mais ce n'est pas pour ça qu'on ne t'as pas vu ! Qu'est ce que tu cherchais ? » Je baissais la tête, n'osant pas avouer que j'avais chercher à savoir si mes cauchemars étaient vrais, même si au fond, j'étais bien rassurée après avoir vu cette salle de classe. George comprit qu'il s'agissait d'un sujet délicat, alors il dévia la conversation sur la Salle Commune en elle-même et les dortoirs, étant donné que je n'avais pas été présente lors de la présentation faite par les Préfets. Avant d'aller me coucher, je déposais un baiser sur les joues de Fred et George, pour les remercier d'avoir été si gentils avec moi. L'un écarquilla les yeux et l'autre eu un sourire en coin. « À demain ! » J'avais lâché, enthousiaste, avant de me coucher dans mon dortoir. Nous étions quelques filles de première année, dont Katie Bell et Angelina Johnson, avec qui je sympathisais très vite. C'était une fille qui s'était fait de jolies tresses africaines pour la rentrée, elle était toute fière mais un peu anxieuse quant au début des cours. J'aimais son tempérament vif qui pouvait s'apaiser en une fraction de seconde pour se concentrer ou pour se montrer empathique. Je me couchais dans mon tout nouveau lit à la couverture rouge brodée de dorure, et je soupirais, pas mécontente de ma rentrée. C'était une période où je pensais beaucoup à papa parce que j'étais frustrée de ne pas pouvoir lui raconter tout ce que je découvrais de semaines en semaines. Si cette frustration avait fini par se tasser, c'était notamment grâce aux jumeaux.


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