Je sautillais sur place en prenant
appui sur les épaules des jumeaux pour voir devant nous. Lee ricanait en
remarquant ma détresse quant à ma petite taille avant de me décrire la tête des
autres élèves. Le professeur McGonagall nous fit entrer dans la Grande Salle
qui me laissa sans voix. Celle-ci n'avait pas l'air si effrayante que dans mes
cauchemars, et hormis les armures dans les couloirs, il n'y avait pas la trace
d'une chaîne ou d'un boulet comme je le craignais. J'étais la première de nous
quatre à prendre place sur le tabouret où McGonagall me mit le Choixpeau sur la
tête. Je pensais très fort à Gryffondor, pas parce que je me sentais capable
d'y aller, ni parce que j'en avais spécialement envie, mais surtout parce que
j'espérais me retrouver avec les Weasley et parce qu'ils m'avaient tous parlé
de cette maison-ci. Peut-être aussi parce que j'imaginais que mon père y était
aussi par la force des choses, parce que mon oncle Remus et Monsieur Weasley y
avait été. J'entendis un ricanement grave, un grognement intérieur comme un estomac
en pleine digestion, avant que le chapeau magique ne s'exclame : « GRYFFONDOR ! »
Je courrais à travers les tables pour rejoindre la mienne. Percy eu un petit
sourire avant de se reconcentrer sur la Répartition, avec appréhension quant au
sort qui serait celui de sa paire de frères. Lee s'assit en face de moi, et il
fallut attendre encore un moment avant d'arriver à la fin de la liste, pour que
Fred et George soient expédiés à côté de moi, à la table de la maison au lion.
Nous avions profité d'un copieux
repas et du discours de Dumbledore qui nous fit part du règlement intérieur de
l'école, qui me firent vaguement sourciller. Mais j'aimais l'allure de
Dumbledore, qui me faisait penser aux sorciers de contes moldus, avec sa grande
robe et son chapeau pointu brodé d'étoiles satinées. L'ambiance paraissait tout
de suite plus chaleureuse, autrement plus chaleureuse que l’œil sévère de
McGonagall où le regard fermé du professeur à sa droite, qui avait de longs
cheveux noirs et luisants. Nous discutions des professeurs avec les garçons,
dégustant les mets servit par la Grande Salle qui semblait dotée d'une sorte
d'âme réconfortante. Mais quand on me parlait des Serpentards, de la Salle
Commune dans les cachots et de la salle des potions, comme celle dont m'avait
parlé ma mère ; l'envie de voir le tout de mes propres yeux me prenait aux
tripes, si bien que je n'en fini pas mon dessert. Bien sûr, cela n'empêcha pas
Lee de s'en charger pour moi. Lorsque nous eurent terminés, ce fût aux Préfets
de nous conduire jusqu'à nos salles communes respectives. La notre se trouvait
au septième étage. J'étais petite et discrète malgré ma masse de cheveux fous,
alors, je me faufilais hors de la foule pour me glisser dans les cachots dont
l'entrée se trouvait à la gauche des escaliers principaux. J'avais du mal à
pousser la porte massive de ce sous-sol, mais je persévérais, en écrasant mes
semelles contre le marbre du sol de l'entrée. Je me retrouvais propulsée dans
un couloir à partir duquel plusieurs pièces se distribuaient. Peut-être des
salles de classes ? Je frissonnais quant à cette possibilité, n'étant pas tout
à fait séduite à l'idée d'avoir cours dans un tel lieu. J'ouvris la première
porte qui confirma mes craintes. C'était une salle de classe, avec sur chacune
des tables, des chaudrons de cuivre rudimentaires. J'entrais pour de bon,
refermais la porte derrière moi pour regarder dans cette salle. Il y avait
plusieurs ingrédients en bocaux, un tableau noir sur pieds, un tas d'outils
pour écraser, découper, hacher les ingrédients des mélanges à venir. Je
caressais tout du bout des doigts en faisant attention de ne rien faire tomber.
C'était un endroit fascinant, et je commençais à me dire que finalement,
peut-être que les potions avaient leur place dans ce cachot. Il y faisait
sombre et frais, les ingrédients étaient bien conservés, et le silence était
père de concentration. Je ressortais en prenant soin de refermer la porte
derrière mois.
Quand
j'eu fermée la porte de l'entrée du cachot, et que je m'apprêtais à remonter les
escaliers, je tombais sur ce professeur, qui me fit sursauter. Il était grand,
mince, avec un nez crochu et de longs cheveux noirs. Il m’asséna un regard qui
aurait pu me tuer s'il en avait eu le pouvoir. Je le fixais, prise de stupeur
mais aussi parce qu'il m'impressionnait. « Que faites-vous ici ? » Me
demanda-t-il en se penchant vers moi, menaçant. Je déglutis en essayant de
trouver quelque chose à dire, avant que deux têtes rousses ne fassent leur
apparition derrière le professeur. « Enfin tu l'as trouvé ! » Me dit George en s'approchant de moi,
désignant la poche de ma robe de sorcière. J'arquai un sourcil, pas bien sûr de
ce qu'il voulait dire par là, mais je comprenais que je devais la fermer et les
laisser faire. « Stella a perdu sa baguette dans la foule avant la
Répartition, du coup on l'a aidé à chercher. » Expliqua Fred en levant la
tête vers le professeur. J'acquiesçais la tête vers le maître des potions qui avait
dévisagé au préalable les jumeaux. Il nous laissa partir après nous avoir fait subir
un silence plutôt gênant. Je courrais jusqu'à la salle commune avec mes deux
complices. En ouvrant le tableau de la Grosse Dame, je découvrais pour la
première fois la salle commune. « Comment vous saviez que j'étais restée en
bas ? » Je demandai aux jumeaux, redevable alors de m'avoir sauvée d'une
punition certaine, qui plus est le premier jour de classe. Fred attrapa un
Chocogrenouille qui traînait sur un guéridon et l'avala tout rond. « Tu t'es
faufilée comme une souris mais ce n'est pas pour ça qu'on ne t'as pas vu !
Qu'est ce que tu cherchais ? » Je baissais la tête, n'osant pas avouer que
j'avais chercher à savoir si mes cauchemars étaient vrais, même si au fond,
j'étais bien rassurée après avoir vu cette salle de classe. George comprit
qu'il s'agissait d'un sujet délicat, alors il dévia la conversation sur la
Salle Commune en elle-même et les dortoirs, étant donné que je n'avais pas été
présente lors de la présentation faite par les Préfets. Avant d'aller me
coucher, je déposais un baiser sur les joues de Fred et George, pour les
remercier d'avoir été si gentils avec moi. L'un écarquilla les yeux et l'autre
eu un sourire en coin. « À demain ! » J'avais lâché, enthousiaste, avant
de me coucher dans mon dortoir. Nous étions quelques filles de première année,
dont Katie Bell et Angelina Johnson, avec qui je sympathisais très vite.
C'était une fille qui s'était fait de jolies tresses africaines pour la
rentrée, elle était toute fière mais un peu anxieuse quant au début des cours.
J'aimais son tempérament vif qui pouvait s'apaiser en une fraction de seconde
pour se concentrer ou pour se montrer empathique. Je me couchais dans mon tout
nouveau lit à la couverture rouge brodée de dorure, et je soupirais, pas
mécontente de ma rentrée. C'était une période où je pensais beaucoup à papa
parce que j'étais frustrée de ne pas pouvoir lui raconter tout ce que je
découvrais de semaines en semaines. Si cette frustration avait fini par se
tasser, c'était notamment grâce aux jumeaux.
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